La coupe du monde et la Marque France : Hard work, Razorfish focus, Determination.

31 juillet 2018

La France a une nouvelle fois gagné. Et comme quasiment tout le temps, elle a gagné d’une façon contre-intuitive.

La France a gagné un jeu qui est un jeu d’envie, de panache, démonstratif, romantique et passionnant, avec trois qualités : 1/ travailler durement, 2/ un engagement sans limite, et 3/ un objectif absolu.

C’est ainsi qu’elle a gagné 1998, c’est ainsi qu’elle domine les activités du luxe ou de la technologie, de l’eau ou de l’énergie. Et ceux qui justement ne travaillent pas assez, nous disent que la marque France c’est le panache ou le frisson, l’intuition, le génie. Ceux-là la fossoient et la regarde perdre depuis des siècles.

 

Contre-intuitif ?

Oui.

 

Restons dans le football, en 1982, le carré magique est constitué de trois numéro dix, Genghini, Giresse, Platini, et la France perd à Séville mais elle sera championne d’Europe avec Fernandez et Tigana au milieu du terrain, et un avant-centre qui, déjà, ne marquera aucun but. En 1998, comme en 2018, nous commencerons avec beaucoup d’attaquants et finirons avec une équipe plus solide. Jamais nous n’avons dominé le monde de la façon dont l’Espagne ou le Brésil jouaient. En rugby, nous n’avons perdu qu’avec le French- Flair, et gagné au niveau Européen qu’avec un jeu que seul le secret des vestiaires nous empêche de qualifier.

Mais que sont les marchés de la valeur ajoutée ? Si ce n’est un travail de forçats pour atteindre la maîtrise. Des chefs qui sont des guides avec des vertus de compagnonnage très fortes. Un travail sur les mots, les gestes, les savoir- faire. Nous protégeons nos produits, nos démarches par des appellations déposées et des normes, qui sont dotées de cahiers des charges dont le suivi relève d’une rigueur incroyable.

Si le centre de formation est difficile pour les uns, il n’est jamais que le pendant des différentes écoles que font nos artisans, nos chefs, nos ingénieurs, nos chercheurs.

Et, comme au football, le résultat brille un jour dans un cadre qui est un écrin, et gagner là, demande de l’innovation, de la surprise, du jamais-vu et cela devient singulier. Ainsi ce génie, cette intuition ne peuvent s’exercer que sur un labeur inimaginable.

 

Le mépris de classe pour le travail a toujours empêché la France d’avoir une vision claire de ce qui fait son génie.

Le seul travail noble, étant celui de la recherche fondamentale.

Ce travers pose un problème abyssal à la France, et l’empêche d’avoir une vision de sa force qui soit positive, et nous croyons gagner de manière vile, alors que nous gagnons paradoxalement à la Française. Et oui, oui, oui, travailler durement, un engagement sans limite, et avoir un objectif absolu, sont nos marques de fabrique quand nous gagnons ; et non, non, non, le panache, le brio, c’est cela qui nous rassure, mais qui nous a toujours fait perdre.

Nous marions difficilement les choses comme si elles étaient incompatibles.

Labeur, « et » génie.

Connaissance docte « et » intuition.

Cette intuition, est en fait le travail de mise en perspective de connaissances, une habitude de penser le complexe, ce que l’on a qualifié d’intuition, de génie « français » ; mais penser sur un mauvais corpus ne rend aucun génie possible.

Nous avons une vraie qualité, un truc à nous, c’est l’art de la surprise. Il est vrai que nous ne mettons jamais nos pieds dans les traces des autres, nous voulons faire à notre façon, nous voulons faire modèle, en rien n’être copie des autres.

Faire cela demande un travail fou, une connaissance parfaite et un art de l’exécution absolu… et on en revient au début de cette histoire.

C’est sophistiqué ? Oui. En cela c’est bien Français.

 

Philippe Lentschener – Président de Reputation Age

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